Le green shaming : est-ce vraiment utile ?

Publié par Laurie Barrette le

Cela fait maintenant près de 4 ans qu’on a fondés Dans le sac et environ 5 ans que le zéro déchet fait partie de nos vies. On a vu le mouvement grandir, évoluer, se transformer. On est personnellement passé par toutes les phases d’intensité avec ce mouvement. Au début, c’est l’indignation et l’incompréhension face aux personnes qui ne prenaient pas l’environnement aussi au sérieux que nous qui nous habitaient, mais plus nous progressions dans ce mode de vie, plus nous comprenions que la colère n’est pas la solution pour amener les gens à rejoindre notre cause. Que de crier dans le vent n’apporterait aucun réel changement. Il fallait proposer des solutions pour rallier les gens à la cause. Et ce qu’on tente de faire au quotidien avec Dans le sac.

Aussi, on le pratique tous d’une façon différente. Certains sont plus graphiques et aiment se donner des défis en pesant leur pot Masson tous les mois pour toujours faire mieux alors que d’autres intègrent le zéro déchet de façon plus graduelle. Les deux sont bien et font ce qui leur convient.

Depuis quelque temps, on a vu le mouvement gagner en popularité. Si au tout début, on était qu’une poignée d’individus à pratiquer le zéro déchet, maintenant la majorité des gens connaissent ce mode de vie. Bien sûr lorsque quelque chose est à la mode, les grandes compagnies se l’approprient aussi pour être bien perçues par les consommateurs et à l’ère des réseaux sociaux où nous vivons, le marketing passe maintenant par les influenceurs sur Instagram. Qu’on aime ou pas, c’est la façon la plus efficace pour une compagnie de faire voir ses produits puisque la grande majorité des gens sont sur Facebook, Instagram et autres médias sociaux.On voit donc de plus en plus de gens utiliser le zéro déchet pour promouvoir leur plateforme ou des produits. #zerowaste

Pour être honnête au début ça nous dérangeait. On voyait des gens se proclamer zéro déchet un jour et manger du fast food suremballé le lendemain et cette incohérence nous mettait un peu en colère parce que pour nous le zéro déchet c’était un mode de vie, pas seulement une façon de gagner quelques likes. Mais après réflexion, pourquoi juger? Si ça permet de sensibiliser ou de faire connaître ce mouvement à d’autres gens qui n’en ont jamais entendu parler, pourquoi pas? On fait quelques conférences par année et certains publics sont très avancés en matière de réduction des déchets alors que d’autres recyclent à peine. Comme je le disais plus haut, on n’est pas tous au même point dans notre cheminement. Nous non plus, on n’est pas parfaites, on a fait et on fait encore beaucoup d’erreurs. Parfois par manque d’éducation, mais parfois aussi par paresse parce qu’on est aussi humaine.

Le problème c’est que de plus en plus de gens se permettent de pointer du doigt les moindres fautes des gens sur les réseaux sociaux. Depuis quelque temps, on voit le greenshaming augmenter de façon fulgurante. Comme si mettre en évidence la faiblesse d’une personne nous rendait plus écoresponsables. L’environnement n’est pas une compétition. On devrait tous travailler dans la même direction. On sera toujours plus écolo qu’une personne, mais moins qu’une autre. On doit aussi se rappeler qu’Instagram ce n’est pas la réalité. Les photos publiées sont soigneusement choisies alors on ne peut pas juger une personne ou la vie de quelqu’un sur une simple photo. On n’a jamais le portrait d’ensemble de toutes ses actions faites au quotidien.

Et puis, après tout, personne n’aime être pointé du doigt. On fait tous des erreurs et nous sommes tous à des points différents dans notre cheminement. C’est important de se le rappeler et de le respecter. On ne part pas tous du même point. On n’a pas tous la même éducation, ni ne fait les mêmes recherches, tout comme nos situations familiales, financières et géographiques ne sont pas toutes les mêmes.Ce n’est pas tout le monde qui est habile en couture ou en DIY, les options écoresponsables vendues sur le marché sont donc une bonne solution pour ces gens, pour les aider à atteindre ce mode de vie. Ne culpabilisons pas les gens parce qu’ils ne font pas eux-mêmes leurs sacs à vrac avec les retailles de tissu qu’ils ont de disponibles à la maison. Ce serait l’option idéale dans un monde idéal, pour créer le moins de déchet, mais ce n’est pas réaliste pour bien des foyers.Encore une fois, le respect du cheminement de chacun est important. C’est aussi le devoir de chacun de réfléchir à sa consommation.Les médias aiment bien juger l’impact des sacs réutilisables en coton sans noter le fait que la majorité des vêtements et textiles de décoration intérieurs sont aussi en coton et qu’on achète beaucoup plus souvent de vêtements que de sacs réutilisables dans une année. Avant de juger on doit donc faire un portrait global de notre propre consommation.

C’est d’ailleurs pour ça qu’on tente de plus en plus de se détacher du terme zéro déchet. Depuis le début, on le sait que c’est un terme qui fera son temps comme il l’a toujours fait. Avant on disait développement durable ou mouvement vert alors que maintenant on dit zéro déchet. Tout comme simplicité volontaire a été remplacé par minimalisme. Des termes différents pour une même cause. Et pour nous c’est rendu plus large que seulement les déchets qu’on génère avec nos emballages. On veut faire attention à notre consommation en général (eau, électricité, nourriture, etc.), mais aussi tenter de renouer avec la nature… sans culpabilité, ni jugement.

Tout est toujours en évolution et on tentera toujours d’influencer positivement les autres. Parce que pour nous, c’est le seul moyen efficace de faire changer les habitudes.

Écoutez-vous, respectez votre limite et faites des gestes qui ont du sens pour vous. On a tous le pouvoir d’inspirer les autres.

Peace!

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